La vie est une œuvre inachevée des Pink Floyd.

Mon grand-père est mort hier, peut-être avant-hier. Cela dépend de l’heur qu’il est maintenant. Vous en êtes désolés, mais ce n’est de pas votre faute, ni de la mienne, encore moins de la sienne. Il n’a fait que mourir. Evidemment que Dieu nous hait tous. C’est pour cela qu’il a fait de nous tous des fuck looser men. C’est vrai papy, on ne peut pas toujours avoir ce qu’on veut dans la vie, ni même après. Mais franchement, je m’en bas les couilles. En attendant, j’écoute Ce putain de génie d’artiste qu’est Roger Water, l’âme de ce putain de groupe, injustement oublié, juste parce que cet autre putain de génie de Gilmour est un putain de dieu de la guitare. J’avais douze ans quand j’avais découvert les Pink Floyd. Ce n’était pas en écoutant Another Brick in the wall, dans le premier étage d’une pizzeria au coin de la place qui fait face à votre lycée, où vous avez amené votre petite copine, pas si petite pour une fillette de treize ans, dans l’espoir d’obtenir enfin ce putain de baiser que vous en rêviez, que vous avez tant de fois simulez avec la paume de votre main, dont vous y êtes à deux doigts, à une demi langue, si ce n’était pas ce foutu d’écrito « d’interdiction de flirt au 1er » qui vous en empêche. Ce n’était pas non plus, sur une chaine de musique polonaise, où votre zapette vous y avez mené entre deux chaines érotiques, dans un de ces moments de répit, pendant lesquels votre main largue enfin votre verge pour se glisser sur une courbe audacieuse de la télécommande de la parabole que votre père s’est procurée cette année-là, un caprice d’un homme qui passe par sa crise de quarantaine, ou une réaction à la ménopause de votre mère. Non, ce n’était pas comme cela. Sinon ça aurait était normal, une histoire banale, une histoire algérienne. Je me rappelle juste que j’ai écouté Hey You, que j’ai aimé, qu’elle m’a donnée exactement ce même putain de sentiment, que j’ai connu bien des années plus tard, durant une après-midi ensoleillée de Mai, entre deux exercices de physique, quand elle m’avait montrer le secret le mieux protégé de la physique de la vie, quand elle m’avait appris à vivre, et comment donner la vie. Cela fût magique ! Depuis j’ai écouté d’autres chansons des Pink Floyd, et pratiquement avec chacune, je me vois plonger dans ce sentiment d’extase, cette sensation de jouissance, hormis les remords post-coïtaux. Mais à chaque chanson, je n’oublie pas de lui murmurer qu’elle est la plus belle, qu’elle est ma préférée parmi toutes les autres. Cela ne dure qu’un laps de temps, cet instant merveilleux et si bref que dure l’enchainement entre deux chansons des Pink Floyd. Parfois, on passe d’une à l’autre, sans avoir le temps de bien rompre, de lui dire, une dernière fois, je t’aime. Je me demande à chaque pourquoi ai-je l’impression de tromper les floyd à chaque fois que j’écoute LedZep ? Quand je tape sur mon clavier, avec les Rolling comme toile de fond ? Ont-elles cette même impression quand elles sont écoutées par quelqu’un d’autre ? Quand elles accompagnent les ébats d’un couple, qui s’oublie et qui oublie, pour un moment, qu’il n’est pas éternel, que tout est éphémère ? En être fan, c’est comme trébucher, s’accrocher, puis tomber amoureux deux pas plus loin. Aimer les Pink Floyd, c’est perdre dignité, se refuser tout amour propre. Cela fait plus de six mois qu’on s’est quittés, moi et mon ex, que j’ai aimé peut-être parce qu’elle a les même cheveux frisés de Syd Barret. Six mois pendant lesquels je m’obstine à refuser de lui rendre ce bouquin sur les Pink Floyd, l’histoire de leur épopée cosmique, au risque de se tailler, sur mesure, ce pathétique rôle du mec qui s’accroche à de minces et illusoires ficelles d’espoir, qui continue à vivre dans des souvenirs d’une histoire finie d’un temps révolu. Non, ma chérie, ne comprend pas mal, ce n’est pas ce que tu crois. C’est juste que j’aime les Pink Floyd. Peut-être ‘un peu’ trop.